Pêcheurs

C’est un peu Mathias Énard qui m’a invité à Istanbul, par la lecture de Parle leur de bataille, de rois et d’éléphants. Dans ce roman, il imagine que Michelangelo est venu à Istanbul, ce qui est historiquement faux. En déambulant, j’imagine le regard de Michelange se posant sur les scènes de la vie aux débuts de l’empire à Constantinople, le singe, Manuel la traducteur, Mesihi le poète, la page Falachi, la rencontre de la Renaissance et de l’orient alors en plein essor. « Nous singeons Dieu, en son absence » dit-il à Mesihi.

Le pont du métro enjambe la Corne d’Or, Haliç (Halitch) à l’emplacement de celui dessiné par Léonard de Vinci en 1506, et jamais construit, son unique arche de 200m étant inconstruisible avec les techniques de l’époque. Énard prend ce point de départ pour sa fiction. Il fait inviter Michelange par le sultan Bayazid pour réaliser un autre projet de pont. Le pont actuel est récent, c’est une reconstruction suite à un incendie dans les années 90.

Les eaux doivent être poissoneuses, si l’on en juge par les 200 pêcheurs alignés de part et d’autre en permanence. C’est très organisé. Les pêcheurs attachent leurs cannes à pêche sur des planchettes fabriquées spécialement, fixées au garde-corps par un tendeur élastique. Des vendeurs fournissent les accessoires, les appâts vivants, réparent les cannes.

P_20181104_174016_1

Erdoğan (le ğ ne se prononce pas, il allonge la voyelle qui le précède, comme le H muet) , actuel président turc et ancien maire d’Istanbul, voulait construire en 2006 le pont tel que dessiné par Léonard paraît-il. Belle idée. Le projet du maître ne pouvait être construit avec les techniques de son époque. Pont entre les rives, pont jeté sur le passé, sur 5 siècles d’histoire… ancrage élégant, plus solide que les culées en béton.

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer